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		     INSTITUT LEININGER    
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- Un bon mental, une bonne philosophie de vie, un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -
                     
     
De quelques réflexions sur l'approche philosophique 
concrète 
                           
du Yoga traditionnel
et de l'Orient
                          
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˝… à nous rappeler ce qu’il y a 
d’analogue dans notre culture et que nous avons oublié; elles ont à attirer 
notre attention sur ce que nous repoussons comme 
     sans importance, c’est-à-dire, 
sur le destin de notre humanité intérieure. La connaissance accrue de la 
spiritualité orientale ne doit être pour nous que l’expression
     symbolique du 
fait que nous commençons à entrer en relation avec ce qui nous est encore 
intérieurement étranger. Le reniement de notre propre condition historique
     
serait une folie : ce serait le plus sûr moyen de nous mener à un nouveau 
déracinement.˝
Fin de citation. 
Une philosophie à se construire ...
Cette démarche de se construire une 
bonne philosophie de vie, trouvera encore plus de force si l’on s'inspire, pour 
la suivre, de quelques ˝grands˝ de ce monde qui ont permis à l'humanité de faire 
de grands pas, sachant que comme le disait Confucius … : 
     ˝Le malheur des hommes 
c’est de vouloir enseigner les autres˝
Les sages de l’Inde se sont 
appuyés sur la perception du monde, de l’environnement, de leur propre corps, 
pour comprendre le sens de l’existence et en tirer une philosophie de vie 
assurant, à long terme, de se libérer des turpitudes de la vie humaine. Par 
exemple, pour parler d’une que j’apprécie particulièrement, celle 
du sage indien Vivekananda, est surprenante, tant en qualité qu’en quantité et 
son enseignement fait de tolérance et de respect, est totalement compatible avec 
notre monde moderne, plus de 100 ans après sa disparition. 
Et je n’oublierai pas, 
surtout pas, le discours tonique et heureux de la sage indienne 
Ananda Moyi, si souriante qui nous encourage 
à cultiver la joie tout comme le psychanalyste italien Assagioli prônait la
˝sagesse souriante˝.
Yoga = joindre
Nous devons considérer que l’un 
des sens du mot ˝Yoga˝ est ˝joindre˝ : il sert à unifier l’être et ses diverses 
composantes décrites par la tradition indienne et admises suite à des siècles 
d’échanges et de pratique poussée, tant au niveau des possibilités du corps 
physique qu’aux niveaux énergétique et mental. C’est pourquoi, 
la conception 
indienne de l'être humain
dans sa 
globalité, peut guider nos choix d’ascèse personnelle respectueuse du corps et 
du mental. 
La discipline est une dimension essentielle du Yoga et n’est ni tristesse ni 
mortification d’autant que les textes du Yoga évoquent explicitement et 
clairement, la joie, la bienveillance, la félicité, la sympathie, l’amitié …
La manière 
qu’a l’Inde de concevoir la constitution de chaque être vivant et les 
composantes de chaque être qui n’est pas vu comme un désordre de divers éléments 
constituants mais comme un tout psychique, énergétique, corporel, spirituel, 
émotionnel, cette manière, donc, amène les conditions idéales pour accéder aux 
états mentaux supérieurs allant de la concentration à la méditation. C’est la 
condition d’union pour enfin 
comprendre ce que ˝méditer˝ 
signifie concrètement. Cet art nécessite de posséder les moyens nécessaires que 
l’adepte doit s’attacher à acquérir de façon sûre et durable, pour maîtriser les 
outils nécessaires à une méditation correcte et efficace.
Et Socrate ? ...
Cette façon de voir la merveille de l’humain impose de travailler au 
˝Connais-toi toi-même˝ 
cher à Socrate, qui a son équivalent dans le Yoga. 
En effet, le quatrième principe de la deuxième étape du Yoga pose la nécessité 
de procéder au ˝Svadhyaya˝ 
c’est-à-dire l’étude (˝adhyaya˝) de 
soi (˝Sva˝) pour laquelle le Yoga met 
à notre disposition de nombreux moyens, tant par la compréhension théorique de 
ce que nous sommes que par l’expérience psychocorporelle. Ainsi, 
l’étude du 
fonctionnement du système nerveux et de ses 
deux composantes, le SN central et le SN autonome (ou végétatif), donne des 
éléments de compréhension de la 
démarche proposée par le 
Yoga traditionnel. 
La compréhension de la structuration 
cérébrale qui s’est effectuée avec l’évolution des espèces et de son lien au
comportement humain permet de compléter cette approche d’une connaissance de soi 
qui éclaire de façon surprenante la sagesse des enseignements philosophiques de 
l’Inde antique. Lorsqu’en 1995 à Paris j’ai 
traité lors d’une journée de Yoga que j’ai animée pour l’association des amis 
d’André Van Lysebeth, du thème : ˝La 
souffrance est liée à l’ignorance : le cerveau est-il complice de la condition 
humaine ?˝ je posais les éléments assurant 
cette approche. En effet, savoir comment nous fonctionnons au plus profond de 
notre intimité cérébrale dont on ne peut que percevoir les effets quotidiens 
dans nos gestes, pensées, comportements, amène à se rendre compte de la lucidité 
des anciens Yogis de l’Inde pour lesquels l'identification des sources de 
souffrance humaine, la logique d'élévation de l'être passant par l'utilisation 
du corps et du mental selon le principe du
˝Mens sana in corpore sano˝, le contrôle de soi, l'action juste, la 
capacité à prendre des positions fermes et douces à la fois, tant physiquement 
que socialement, la définition du sens que l'on donne à sa propre vie, 
l'adoption d'une nécessaire philosophie de vie et d'un idéal de vie, la 
simplicité en même temps que la détermination dans ses choix d'action, 
l'acceptation, l’adoption de principes et valeurs élémentaires, tous ces 
éléments qui nous ont été apportés par de grands penseurs et de grands sages, 
définissent un plan d'action visant au rétablissement, au renforcement et au 
maintien d'un état particulièrement précieux : l'harmonie. 
Un cerveau complice ...
Il est évident qu’il est possible de 
faire un lien entre les tracas et la condition humaine et la structuration de 
notre encéphale. Nous en avons eu un large aperçu en été 2014 lors des sessions 
en Espagne au cours desquelles nous avons étudié le rapport entre la psychologie 
des émotions, le diaphragme et certains centres nerveux précis. En effet, nous 
ne pouvons faire l’économie de l’approche, si ce n’est l’étude, du 
fonctionnement de notre système nerveux dès l’instant où on décide de se mettre 
au travail pour mieux se connaître et agir dans les meilleures conditions en 
respectant les principes élémentaires de la tradition du Yoga. Cette perspective 
est conforme au point de vue de Jung selon lequel, je cite :
    
˝C’est uniquement en nous tenant 
fermement sur notre propre terrain que nous pourrons assimiler l’esprit de 
l’Orient …˝
Cette connaissance est 
d’autant plus importante que les sensations venant de l’environnement quotidien 
nous assaillent. De ce fait, nous ressentons de plus en plus le besoin de vivre 
l’ici et maintenant dans de bonnes conditions.
Il importe de mettre en relation les philosophies de 
l’Inde et les connaissances que l’Orient et l’Occident mettent à notre 
disposition à propos des couches psychiques les plus profondes de l’être. Car si 
les découvertes officielles du subconscient sont officiellement le fruit du 
travail de chercheurs occidentaux, l’inde a, depuis très longtemps, nommé les 
structures inconscientes de notre psyché la plus profonde. 
Nous ne nous doutons pas 
qu’en nous asseyant sur notre tapis de Yoga, nous reproduisons avec précision 
l’attitude de  ˝Pashupati˝ trouvé dans 
les vieilles pierres oubliées des cités de l’Indus. On peut décemment dire qu’il 
y a plusieurs milliers d’années que l’humanité dans son ensemble, est en 
recherche d’explications et de solutions. Sur ce plan, l’Inde n’est pas en 
reste : elle a permis la naissance, la croissance et l’expansion de systèmes 
permettant à chacun de trouver des moyens répondant à sa propre nature, à ses 
tendances et à son évolution. Ces moyens nous parlent, nous Occidentaux si 
attirés par l’Inde et ses philosophies, sa pensée, son originalité, sûrement 
tout ce qui faisait que Malraux voyait l’Inde comme : 
     ˝… l’ancien Orient de notre âme˝.
Libération
Le but principal de chaque Indien est de se libérer de 
sa condition : l’ascèse est le moyen, soutenu par une philosophie constructive, 
elle-même fondée sur d’anciens principes pourtant marqués d’un caractère 
universel indéniable et pouvant mener à l’harmonie.
Une des clés est cette recherche de l’harmonie, sachant qu'elle est là, présente 
en permanence au fond de nous-mêmes et qu'elle s'exprime parfois, lorsqu'on lui 
en laisse la possibilité. Aussi, pour qu'elle se renforce et s'exprime davantage 
dans les circonstances qui sont celles de notre quotidien il importe d'accepter 
de voir qu'il nous faut l'établir en nous-mêmes avant de la mettre en place avec 
le monde environnant, l'établir signifiant aussi, dans certains cas, la 
reconstruire, ce qui demande un travail particulièrement ardu nécessitant une 
assiduité guidée par celles et ceux qui nous ont précédés.
La première étape est de prendre conscience des causes de nos dysharmonies, de 
nos pensées, comportements, gestes, qui, en même temps qu’ils polluent nos 
contemporains, sont l'expression d'un mal-être oublié mais toujours présent, 
refoulé mais toujours actif, masqué et pourtant toujours prêt à se manifester. 
Notre corps, notre mouvement, l’expression de certaines de nos fonctions vitales 
trahissent ces désordres et il importe d'accepter de les prendre en 
considération pour les arranger, les redresser, d'autant que pour tenter de les 
étouffer, l'intelligence du corps dresse des barrières, des murailles, des 
blindages, des carapaces de plus en plus lourdes, de plus en plus épaisses, de 
plus en plus impénétrables, de plus en plus difficiles à démonter et aussi, 
hélas, incapables de nous faire goûter aux douceurs et beautés de l'existence. 
De plus, ces blindages qui se forgent au cours des années et des décennies ont 
des conséquences terribles et indéniables qui vont nécessiter un travail de
contrôle de soi qui concerne à la fois le mouvement, le souffle, la conscience. 
C’est la raison pour laquelle bien respirer ou mieux respirer est 
particulièrement important, même essentiel … mais cela ne s’apprend pas. En 
effet, il faut d’abord se livrer à un 
travail très concret sur les moyens de débloquer le 
diaphragme si souvent contracté et crispé. Pour pallier à cela, le Yoga apporte 
plusieurs moyens visant à détendre le muscle diaphragmatique dont les blocages 
qui gênent donc la respiration, sont dus à plusieurs facteurs d’ordre anatomique 
et-physiologique, psychologique, traumatique, émotionnel. La pratique et la 
compréhension des mécanismes en présence permettent de travailler à la 
libération de cette double coupole et aussi de prendre conscience des causes 
diverses des blocages de la respiration, afin de la délier de façon durable. Car 
tout est là : il est question d’une progression assidue et continue qui ne 
connaisse ni recul, ni arrêt. Un vieux proverbe chinois dit ceci :  
     ˝Ne crains pas d’avancer lentement, crains seulement 
de t’arrêter !˝ 
Comprendre, apprendre et agir
C’est pour cela que cet apprentissage, cette 
nouvelle prise de contact avec le fond de soi-même, ce cheminement, passe, pour 
le Yoga, par plusieurs étapes en plus du silence qui constitue une pratique 
fondamentale commune à tous systèmes initiatiques, si l’on considère que le Yoga 
en est un, ce qui est mon cas. En effet, le plus souvent, c’est un des travers 
de notre vie moderne, on 
pense à se ressourcer par un surcroît d’agitation extérieure plus que par le 
silence. Or, la régénérescence passe par la mise au repos complet des organes de 
la phonation, ce qui influe sur le mental, sur l’attitude corporelle et apporte 
une grande paix intérieure. C’est pour cette raison qu’il est si bon de faire sa 
pratique du Yoga en silence.
Le Yoga amène à découvrir le fond de soi, par le ressourcement dans le retrait 
décidé, la solitude choisie, le silence verbal. Les moyens de nous régénérer 
sont en nous-mêmes, dans la recherche de ˝l’Etre˝, non du ˝Faire˝. La pratique 
décidée du silence passe par le contrôle de la parole et du geste, ce qui génère 
un impact insoupçonné sur le mental ainsi que sur l’attitude corporelle tout en 
apportant une grande sensation de paix intérieure rarement connue. 
Réapprendre à ne pas parler, 
à contrôler sa parole, à maîtriser son expression : voilà un programme utile en 
ce qu’il est l’occasion d’une sérieuse économie d’énergie nerveuse et 
psychique : c’est le message de la session sur l’énergie et du numéro spécial de 
la revue portant sur l’énergie et parue fin 2013. En effet, l’air 
inspiré donne deux carburants : ce que les Indiens nomment prâna et l’Oxygène. Le 
Yoga enseigne à équilibrer les énergies (Vâyu) 
et aussi à 
s’économiser plus qu’à se disperser. S’ajoutent à cela le silence des mains et 
des pieds comme nous avons pu le voir en Mai 
2014 et comme nous le verrons cet été. Il y a dans cette maîtrise des sens de 
quoi retrouver le calme en soi et éviter le stress. 
Au-delà ou en plus de ce 
silence évoqué, je reviens aux étapes à peine mentionnées ci-dessus.
Insatisfaction et Ignorance
La première est que tout être humain peut prendre en considération une sorte 
d’insatisfaction de l’existence humaine aux causes parfois inconnues. Pour les 
philosophies de l’Inde dans leur ensemble, elle n’est due qu’à certaines 
conditions extérieures : les êtres vivants, humains et animaux, les variations 
liées au ciel à quoi s’ajoute surtout, ce qui fait la caractéristique humaine de 
notre condition. L’Ignorance et les tracas qui en découlent à savoir le rejet, 
l’attachement, la peur de la mort, l’ego mal placé ou mal dimensionné, sont à 
identifier avant d’avancer sur la voie d’un pas (˝pada˝ 
en sanskrit) sûr. En ce qui nous concerne, la voie passe par l’utilisation du 
corps et de tout notre être comme d’un outil efficace en même temps qu’il est à 
découvrir à chaque instant et à entretenir, d’autant que le souffle étant lié au 
mental, nous disposons là d’un merveilleux assemblage d’une incomparable 
utilité. Toujours sur ce chemin et avec cet objectif, la deuxième étape est de 
se préparer physiquement et mentalement sur la voie d’une ascèse non mortifiante 
et non destructrice, mais structurante et puissante menant à l’équanimité qui 
n’est autre que l’égalité d’âme prônée par tant de sages, aussi bien en Inde 
qu’en Occident. Puis vient la troisième étape qui est de choisir des principes 
de vie pouvant constituer une vraie philosophie de vie dont je parlais en 
commençant mon propos, mais une philosophie de vie non pas gouvernée par une 
personne extérieure, car rien ne vaut mieux pour chacun, ˝…
sa propre loi d’action  …˝ (voir la citation de la Bhagavad Gîtâ dans 
la revue de Yoga, au bas de la page 3), mais décidée par soi et choisie dans 
l’immense richesse des philosophies tant d’Orient que d’Occident, tout en 
faisant en sorte que pensée, parole et action soient en accord et que notre 
attitude dans l’existence soit, le plus possible, conforme au message profond de 
la voie choisie.
Bienveillance, joie, sympathie, contrôle des mots et des gestes, exaltation de 
la vie et préparation à la mort, rectitude, connaissance de soi, sont là pour 
nous assurer un idéal de vie. Le contrôle des sens et le détachement, le don de 
soi et le contentement parachèvent cette voie que chacun peut encore enrichir et 
compléter selon ses valeurs profondes et selon la nécessité d’une loi d’action 
juste et inflexible, toujours dans l’esprit de liberté et d’indépendance qui est 
propre aux yogis de l’Inde, depuis des milliers d’années, selon le principe de
˝Svaraj˝ qui n’est que le 
gouvernement de soi par soi-même, ce qui est en accord avec nos valeurs 
occidentales de liberté et d’action.
Il ne reste plus alors qu’à œuvrer au quotidien : la douceur 
devient alors un précieux guide, couplée à la force, les deux fonctionnant selon 
une harmonie qui va permettre de retrouver la sérénité, la plénitude, la 
fluidité de l'existence et aussi une attitude de bienveillance et de respect, de 
justice et de compréhension, de détachement et de communication avec soi et avec 
les autres.
     Merci de votre attention.
     
      
A bientôt.