Dimanche 10 mars 2002, 18h05
Le soleil descend tranquillement derrière le temple du Maharajah. Les
nuages lumineux moutonnent dans le bleu et le fond de l'horizon rosit
doucement. Une fraîcheur tendre envahit le lieu tandis que la lumière
est plus calme pour les yeux qui peuvent encore contempler ces
merveilles qui ont été plus de 400.000 fois illuminées par la course du
soleil. La pierre reprend sa couleur sombre et son relief se détache
mieux sur l'azur veiné de quelques traces doucement orangées.
Khajurâho ne va pas tarder à s'endormir. C'est mon avant-dernière soirée
face à ces merveilles, c'est mon avant-dernière contemplation de ces
lieux de culte à la fois lourd et aériens, puissants, légers et exaltés.
Combien de courses du soleil avant que je revienne ici ? 12 ans de plus
? Ou plus ? Ou moins ? Reverrai-je ces temples, seulement une fois
encore ? Nul ne le sait, mais une chose est certaine cependant : ils me
survivront et continueront à porter très haut leur altier message de
dévotion et de foi. (18.15 )
Quelques Hindous, là-bas, se prélassent sur les marches du Vishvanath Temple ;
le repos a sa place maintenant, la journée a été chaude et a épuisé les
organismes. Au loin, les 7 chevaux de Surya continuent leur course, apportant
vers d'autres régions du monde, la lumière, la chaleur et la vie. Les temples
s'endorment paisiblement, pointant leur cime vers les dieux immortalisés dans la
pierre depuis plus de 1000 ans, par l'homme de l'époque Chandella qui s'occupait
d'amour, de foi et de guerre.
Bonsoir, Khajurâho.
Quel spectacle tu offres à mes yeux émerveillés et enchantés, mes yeux
occidentaux non initiés mais ravis de cette vision. Quel spectacle tu offres au
monde en ayant généré ici même 85 lieux de culte, ce que l'on ne retrouve nulle
part ailleurs. Quelle ferveur se dégageait ici, de ton peuple croyant et
tolérant. Que tes dieux cléments continuent de veiller sur nous et qu'ils nous
protégent de nous-mêmes. (18.25).
Une légère brise se lève ; cet air qui vient caresser ma peau a frôlé les
sculptures, effleuré un sein, glissé sur la courbe des hanches d'une déesse,
soufflé sur un visage d'un dieu ou d'une Apsara. Il porte en lui une forme, un
message, une impression millénaire de paix et de sérénité.
Je souhaite que ma peau en conserve la marque et le souvenir pendant
longtemps.
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